La publication informative
Lorsqu'on écrit pour le grand public, on s'expose nécessairement et le lecteur est en droit d'opiner sur ce qu'il lit. Ceci est parfaitement légitime et celui qui rédige doit pouvoir l'accepter.
Dans le monde scientifique, cela a toujours été la règle d'or pour pouvoir progresser: avancer par le jeu du rejet ou de l'acceptation des hypothèses proposées et des corrections à apporter (réf. méthode scientifique1). Cela permet de découvrir des structures, mécanismes et fonctionnements pour pouvoir reproduire à l'identique un objet, une pratique ou un être vivant.
Ces communications écrites doivent toujours être suffisamment claires ...ce qui n'est pas toujours évident ! Cette vulgarisation n'est autre que la traduction en termes simples de concepts souvent compliqués dont la compréhension reste généralement du ressort des spécialistes.
L'explication et la description des phénomènes gagnent toujours à être basées sur la formation du praticien, sa compréhension des faits et des expériences (positives et moins intéressantes) qu’il a eu la chance d’acquérir. Beaucoup de sujets sont vastes, car ils touchent différentes activités de l'entreprise qui s'articulent (dans notre cas) autour de nombreuses notions basiques en aquacultures, pêches et sciences voisines.
Il y a bien sûr l'intérêt de celui qui écrit en relation avec une trajectoire professionnelle et des lieux visités. Ces derniers offrent des opportunités uniques pour répondre aux interrogations, même si beaucoup de configurations ne sont pas toujours transposables en d'autres endroits ou dans d'autres contextes.
Souvent, nous voulons partager toutes ces connaissances, même s'il faut savoir d'abord intéresser le lecteur qui a bien d'autres pôles d'attraction.
"Oh, c'est un passionné" ...comme disent certains ! Sachez que rien ne peut sortir de l'ordinaire, sans un minimum d'intérêt ! Ceci est vrai dans toutes les métiers. Cette curiosité amène ensuite la connaissance qui permet à son tour de répondre aux questions des consommateurs non-initiés.
Dans un monde dominé par les nombreux assauts du commerce, la clientèle se rend alors compte qu'on n'est pas seulement là pour vendre, mais aussi pour informer: expliquer le pourquoi des choses et le comment des bonnes pratiques. En général, cela conduit à des discussions pour une meilleure compréhension. Parfois, cela a même d’intéressantes retombées sur la santé pour parvenir à une amélioration de la qualité de vie.
Toutefois pour arriver à ce stade, celui qui rédige doit souvent reprendre plusieurs fois son texte, parfois à intervalles espacés, avant de pouvoir publier. Cela vaut aussi bien pour le fond que pour la forme (fautes de construction et d'orthographe). Pourtant de temps à autres, des coquilles passent au travers ! Mais à force d'être trop pointilleux, on ose de moins en moins ...ce qui pourrait, dans bien des cas, retarder la publication. Parfois, n'est-il pas plus important d'éclairer rapidement le lecteur, le client ou le stagiaire aquacole ...qui cherche à savoir sans trop attendre ? Mais là intervient la notion de « tolérance » ...de la part de notre lecteur !
Il est aussi important d'observer (à tête reposée) si le texte est réellement fluide et si l'orientation conserve le cap. En d'autres termes, voir si l'article est pertinent et présentable. Encore une fois, ce n'est pas toujours évident !
Dans cette optique, il faut savoir également compter sur les autres. Avant toute publication, on est amené dans quelques cas précis de faire relire le texte par l'un ou l'autre professionnel en biologie appliquée2. Il faut aussi consulter des références écrites qui sont parfois nombreuses, ...donc un tri s'impose. Tout cela prend du temps. Ensuite, il faut occasionnellement corriger le texte si ces sources révisées vont dans un autre sens, qu'elles sont fiables et font autorité. Cela donne plus de visibilité et surtout plus de validité au message que l’on souhaite communiquer.
Enfin, nous invitons aussi le lecteur à réagir face aux thèmes développés, surtout si le sujet considéré touche un secteur qui lui est proche. Ainsi, l’information devient encore plus intéressante et tout le monde y gagne.
Depuis l'initiation de ces articles (en 2017), beaucoup nous ont témoignés un avis favorable, en incitant à continuer dans cette voie. Nous les en remercions sincèrement.
Mais il faut reconnaître que tout cela est une affaire de conviction personnelle ! Faire du beau, du meilleur, du qualitatif, du plus naturel ...sans passer par la case industrielle (avec son lot d’apports externes coûteux, parfois destructeurs) n'est certes pas un business bien commode (...loin de là). Mais la démarche en vaut la chandelle et peut souvent garantir la survie de l'activité dans le temps !
Il faut surtout rechercher l'équilibre entre ce que la nature environnante peut offrir (sans l'abîmer, ni l'épuiser) et ce que les animaux ont réellement besoin pour leur alimentation. Pour cela, il faut savoir estimer une juste densité d'animaux ...généralement très basse. Cela implique des récoltes revues à la baisse ...parfois considérablement ...pouvant même approcher le dixième de l’éleveur régional le plus productif !
Bien sûr, cela semble une mission impossible au vu des nombreuses charges de fonctionnement à honorer ! Et pourtant, certains y parviennent ...sans viser bien entendu des rentrées exagérées, car ce n’est certainement pas dans une telle activité qu’on devient millionnaire !
La publication peut rendre compte et expliquer de telles pratiques, afin de sensibiliser le consommateur qui cherche à améliorer ses filières d'approvisionnement !
Avec les nombreux dérèglements du climat ces dernières années, nos productions deviennent instables. Cela impacte durement sur les rentrées. Rappelez-vous des tempêtes de 1999 et inondations de 2010 : il a fallu faire face pour survivre en ne sachant compter QUE sur ses propres forces, car assurances et institutions ne vous offrent que des indemnités dérisoires comparées aux vraies pertes.
Encore une fois, la publication informe sur cette réalité pas toujours bienvenue.
En nous lisant, certains émettent aussi de sérieux doutes sur notre façon d'évoluer. Ils avancent qu'il est impossible de se développer en appliquant de pareilles techniques naturelles (non liées aux produits industrialisés), surtout dans un contexte où domine tant d'obstacles, obligations, régulations, imposition et répression !
Pourtant, les résultats positifs d'une comptabilité ne vont pas toujours dans le bon sens pour développer une entreprise. Produire toujours plus ...pour favoriser ...qui en fin de comptes ? L’aspect purement financier ne doit pas être le seul mobile de nos initiatives (et heureusement que le secteur privé en a).
De nos jours dans une exploitation familiale/artisanale, toutes ces incitations et ingérences externes ne permettent presque plus d'employer du personnel ou tout simplement de souffler un peu/de lever le pied ...pour ne fût-ce qu'apprécier son environnement régional (les deux Charentes sont si belles) ou renforcer quelques liens sociaux locaux.
Quel avenir peut-on envisager avec autant de matérialisme, une réglementation parfois irréaliste (souvent inutile) et des intérêts qui n’ont plus rien à voir avec le développement de l’entité qui produit effectivement du qualitatif ?
Il y a pourtant des producteurs de la mer, comme des agriculteurs de la terre, qui veulent vraiment faire des choses de manière plus correcte et plus propre. Ils veulent offrir des produits sains sur le marché SANS dépendre de toute une série de contraintes qui trop souvent, comme mentionné ci-dessus, n’ont plus rien à voir avec l’entreprise. De plus, il ne faut pas nécessairement adhérer à un label (un cahier des charges n'étant pas une garantie) ou une reconnaissance officielle ...pour être pleinement responsable et faire du propre ! Beaucoup l’oublient.
Produire sans dépendre de l’industriel est parfaitement possible, en tenant compte du fait que le faire en "quantité" va à l'encontre de la "qualité". Cela aussi beaucoup l’oublie !
Malgré la controverse, la publication peut sans équivoque en parler pour s'engager sur d'autres voies et modèles que ceux que la société cherche toujours ...à nous imposer !
Ainsi par conviction, nous avançons, informons et parvenons à déjouer l'adversité. Il y a en effet bien d’autres aspects - tout aussi honorables, pas nécessairement philanthropiques - qui peuvent bénéficier à une activité prenante sur le long terme.
Et c’est bien ce petit grain de folie - dans tout ce que nous réalisons au quotidien - qui nous maintient en vie et nous aide à voir au-delà du temps présent !
C'est aussi pour cela que de temps en temps, nous prenons la plume...
(Réflexions sur une évolution singulière, avec dans le collimateur ...des consommateurs-lecteurs qui cherchent à comprendre un peu mieux les activités que nous menons ...dans l'eau de nos étangs ...par n'importe quelle saison)
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1 Consiste en une démarche bien définie: 1. Identification (formuler une question ou un problème);
2. Revue littéraire (du secteur considéré);
3. Matériels (collecte de données) & Méthodes (analyse de ces données);
4. Résultats; enfin,
5. Discussion (interprétation) & Conclusion.
2 C'est-à-dire en médecine, sciences vétérinaires, de l'eau, diététiques, zoologie, agronomie, botanique, écologie, biotechnologie ou autres domaines connectés.