La productivité naturelle des eaux
Dans l’article « Réflexion sur la manière de gérer un biotope aquatique » (publié le 1er mars dernier), nous faisions référence aux conclusions observées par Léger-Huet, deux scientifiques-vulgarisateurs qui avaient établi quelques formules afin d’estimer le potentiel des eaux continentales ou eaux douces. A continuation, voici leur formulation :
Pour les eaux courantes, comme les ruisseaux et rivières :
K = B x L x k
où K = la productivité kilométrique annuelle du cours d’eau (exprimé en Kg)
B = le coefficient de capacité biogénique
L = la largeur mouillée moyenne du cours d’eau (en mètres)
k = le coefficient de productivité
Pour les étangs artificiels :
K = Na/10 x B x k
où K = la productivité annuelle d'un étang (exprimé en Kg)
Na = la superficie de l’étang (exprimée en ares c’est-à-dire par 100 m2)
B = le coefficient de capacité biogénique
k = le coefficient de productivité
Notes : B → 0 = eaux stériles
I à III = eaux pauvres (en termes d’alimentation pour poissons)
IV à VI = eaux moyennement valorisantes
VII à IX = eaux riches
X = eaux les plus riches
Les eaux pauvres en calcium ont moins de 8mg de CaO/L
Les eaux courantes à caractère rhéophile (courant rapide, torrents)
Les eaux limnophiles (eaux tranquilles, stagnantes, étangs)
k = k1 x k2 x k3 x k4 (en général : 1,0 < k < 16,0)
k1 = (température) = 0,0 pour 4°C
= 0,5 pour 7°C
= 1,0 pour ±10°C (cas de l’Europe occidentale tempérée)
= 2,0 pour 16°C
= 3,0 pour 22°C
= 3,5 pour 25°C
= 4,0 pour 28°C
k2 = alcalinité ou acidité de l’eau = 1,0 pour les eaux acides (pH < 7,0)
= 1,5 pour les eaux alcalines (pH > 7,0)
k3 = espèces de poissons = 1,0 pour les salmonidés (truites, saumons) et poissons d’eau froide
= 1,5 pour une communauté mixte de poissons
= 2,0 pour les cyprinidés (carpes) et poissons d’eau chaude
k4 (en fonction de l’âge des poissons en étangs artificiels) = 1,0 pour poissons de 6 mois et plus
= 1,5 pour poissons de moins de 6 mois
Pour les étangs :
Productivité totale = productivité naturelle ← K= Na/10 x B x k
+
productivité due à la fumure ← 0-100 % de la productivité naturelle
+
productivité due à l’alimentation artificielle ← quantité d’aliments
à distribuer = productivité due à l’alimentation artificielle x Qn
Qn étant le quotient nutritif ou ratio de conversion alimentaire :
- dans le cas d’une alimentation naturelle à base de feuilles de végétaux terrestres et
aquatiques, ce ratio est généralement évalué entre 1 à 15-20 (c’est-à-dire 15-20Kg
d’aliment naturel pour obtenir 1Kg de poisson) ;
- dans le cas d’une alimentation naturelle à base de végétaux comme le lupin, le soja,
le maïs et les céréales, le ratio est évalué entre 1 à 4-6 (c’est-à-dire 4-6Kg d’aliment
naturel pour obtenir 1Kg de poisson) ;
- dans le cas d’une alimentation naturelle à base d’organismes benthiques, le ratio est
évalué entre 1 à 5 (c’est-à-dire 5Kg d’aliment pour obtenir 1Kg de poisson) ;
- mais dans le cas d’une alimentation additionnelle provenant de l’extérieur, comme des
granulés, de la farine de poisson et des fruits de mer frais), le ratio monte de 1 à 1,5-3
(c-à-d 1,5-3Kg d’aliment apporté pour obtenir 1Kg de poisson ; cela peut même être
inférieur à 1,5Kg d’aliment, si ce dernier est encore plus efficace).
Mise en charge (nombre) =
[ croissance escomptée ou productivité totale (en Kg) ]
/
[ croissance individuelle escomptée (en Kg) ]
+
déchet
(NOTE: nombre = en fait, TOTAL auquel il faudrait ajouter un % du total, consistant à des poissons NON-CONFORMES pour
être mis sur le marché + la MORTALITE, cette dernière étant basée sur l'expérience)
Référence: Traité de pisciculture, Marcel Huet, éditions Ch. De Wyngaert, 1970