AQUIDEAS

     En clôturant nos ventes éloignées d'huîtres pour la saison 2018-19, certains nous souhaitaient de ..."très bonnes vacances". Rien de plus paradoxal, car comme chaque année c'est maintenant le moment de remettre beaucoup d'ordre sur notre ferme !

     En effet durant 8 mois de l'année, nous devons sortir chaque semaine les gambas et huîtres de nos bassins, éventuellement les nettoyer, les dégorger pour qu'elles soient propres à la consommation, puis, il faut les trier, emballer et se rendre sur nos lieux de ventes.

Par conséquent, il n'y a pas beaucoup de temps pour d'autres activités.

     De plus ces trois derniers mois, nous sommes allés répététivement à 400 Km de chez nous pour aider un ostréiculteur qui en avait grand besoin et qui nous avait déjà rendu plusieurs services. Pour nous, c'était parfaitement normal de lui rendre la pareille.

     Là-bas, il a fallu récupérer des dizaines de tables en fer enfuies dans le sol (depuis de longues années) ...un travail exténuant pour des non-initiés comme nous ! Pour avoir accès à ses terrains, on ne pouvait le faire qu'aux marées basses. Ensuite, nous avons aligné toutes ces tables et couché des centaines de poches contenant de petites huîtres pour 2 années de grossissement.

Le travail avait été dur, mais il fût réalisé.

     Fort de cet effort "reposant", nous avons entamé une nouvelle période estivale de 4 mois à Marennes ...avec un peu de retard pour certaines de nos activités.

     Ainsi, nous venons de remplacer une partie de la vanne¹ (3m de large x 6m de haut) dont la partie supérieure s'était oxydée à cause des déjections uriques des goélands et mouettes qui n'arrêtent pas de s'y reposer depuis des années !

     Maintenant, il faut s'engager dans la réparation de petits matériels comme filtres et verveux, l'entretien de circuits d'eau et révision de quelques moteurs comme pompes, groupe électrogène et refroidisseur d'eau de mer.

     Nous avons également commencé à empierrer des chemins d'accès difficile à quelques étangs et devons reconstruire les ponts en bois pour pouvoir traverser nos canaux.

     Enfin, il faut aussi refaire des sections de terre abîmées afin de protéger quelques claires des marées s'engouffrant dans le chenal qui nous fournit l'eau de mer.

Heureusement, que notre pelleteuse vient d'être remise en service pour pouvoir assister toutes ces opérations !

     Par conséquent, vous réalisez maintenant qu'on n'arrête JAMAIS de travailler sur une ferme si vous voulez assurer la continuité dans son fonctionnement !

     Nous avons déjà fait la mise à sec de tous nos bassins et il a fallu faire face à de nouveaux problèmes ...à solutionner rapidement. Nous avons été reprendre notre bonne vieille rabale² manuelle pour remplacer notre tracteur ...volé en 2017 (trouver une d'occasion raisonnable de prix ...n'est pas évident, mais il ne s'agit pas d'une mission impossible dans un futur rapproché). Il y a aussi eu cet autre engin mécanique lourd qui est tombé récemment dans l'eau salée de notre réserve d'eau ...qu'il a fallu sortir et nettoyer pour prévenir des dommages irréversibles.

Nous ne sommes jamais à l'abri d'un contretemps !

     Ensuite, nous avons "rouablé"³ le fond de nos étangs afin de les rendre plus fertiles pour produire un phytoplancton de qualité. C'est en discutant avec certains anciens ostréiculteurs de la région que nous nous sommes rendus compte des avantages de cette très vieille pratique. Dans un article précédant, nous vous avions déjà expliqué les techniques utilisées, la discipline à avoir et surtout le travail à endurer pour mener à bien cette opération.

     Mais lorsqu'on est une petite structure familiale, on cherche toujours à "moderniser" certaines anciennes pratiques, car le temps file et les activités s'accumulent. Il faut savoir s'organiser, réfléchir aux améliorations, s'engager dans de nouvelles méthodes de travail et vérifier qu'elles conviennent bien pour ce que nous voulons obtenir. Dans tous les cas, il s'agit de prendre note des détails et de ne plus répéter les erreurs du passé ...si petites soient-elles ! C'est la seule façon de pouvoir progresser.

     Lorsque l'eau était bien verte, c'est-à-dire chargée de bon phytoplancton, nous avons commencé à transférer délicatement les premières post-larves (PLs) de crevettes impériales dans nos étangs. Il faut le faire avec prudence pour équilibrer la température entre l'eau des containers de transport et celle des bassins, car les chocs de températures occasionnent déjà au départ de la mortalité chez nos petits crustacés. Il faut de la patience et les laisser sortir doucement ...librement !

     Ainsi, nous avons déjà ensemencé une grande partie de notre ferme avec plus de 100.000 PLs (crevettes impériales Penaeus japonicus). Ces bébés gambas n'avaient que 22 jours et leur silhouette ressemblait déjà à des mini-adultes, c'est-à-dire ayant un profil longiforme pouvant se déplacer sans problème sur le fond de l'étang. Leur corps ne dépassait pas le centimètre et demi (diamètre d'une pièce d'un centime) et elles étaient encore transparentes. On distinguait qu'elles s'alimentaient déjà bien, car leur intestin était teinté de vert à cause du phytoplancton ingéré ...ou rouge, parfois brun, pour la faune digérée. Elles étaient de toute manière très actives et c'est avec empressement qu'elles ont disparu dans les profondeurs des eaux de chaque bassin !

     Nous joignons une photographie de ces nouvelles PLs pour vous faire découvrir à quel point elles sont belles, mais encore délicates ...avant de commencer à grossir dans nos claires.

     D'abord, elles atteindront un stade qui saura utiliser les caroténoïdes trouvés dans le bon phytoplancton, pour former leur pigmentation c'est-à-dire les belles couleurs brune, bleue, rouge et jaune que vous connaissez lorsqu'on les livre.

     Ensuite, elles compléteront leur appareil digestif pour pouvoir assimiler les petits vers de vase rouges foncés (que les pêcheurs à pied connaissent bien) qu'elles déterreront tout autour de l'étang. Cette source importante de protéines leurs permettra par la suite d'assurer une croissance encore plus rapide ...surtout si la densité de ces animaux n'est pas exagérée au départ (dans notre cas particulier, 2 PLs/m²). De cette façon, on obtiendra la même croissance que des crevettes mises à des densités plus élevées ...devant recevoir un complément d'aliments industriels. Malgré un rendement nettement plus modeste, la grosse différence réside dans le fait que nos crevettes n'ont ainsi aucune restriction pour s'alimenter à satiété⁴ tout en n'utilisant qu'une alimentation 100% NATURELLE.

     Dans 3 mois, elles pourront déjà être mises en ventes à l'étal pour le plus grand plaisir de vos envies ...soit à partir de la mi-juillet à la ferme ou en septembre sur nos points de ventes éloignés.

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     1 Porte d'entrée de l'eau de mer pour nos canaux qui alimentent toutes les claires.

     2 Outil en bois constitué d'un long manche et d'une planchette en fin de course, à angle droit, servant à oxyder les vases.

3 Oxyder la vase des fonds afin de la faire réagir avec le sous-sol et faire migrer des minéraux pouvant stimuler les chaînes alimentaires aquatiques qui donneront en fin de parcours une flore et faune nutritives de qualité pour nos bivalves filtreurs et crustacés.