Passion versus conscience technique du professionnel

Rédigé par Aquideas Aucun commentaire
Classé dans : Réflexion Mots clés : aucun

     Parfois, les gens veulent savoir plus dans un domaine spécifique. Ils posent des questions à celui qui est sensé connaître. Parfois, ils disent qu’ils ont affaire à un passionné !?

     Peut-être qu’ils n’ont jamais été confrontés dans leur vie à se former plus sérieusement pour les besoins de leur profession en accumulant des connaissances et expériences. Pourtant, l’intérêt est bien là chez beaucoup d’autres afin de mieux comprendre bien des choses.

     Tout d’abord, les premiers recherchent des détails ou une explication dans un domaine particulier. Il serait malheureux de les décevoir en leurs racontant n’importe quoi. Il est vrai que si l’on se spécialise dans un secteur, c’est pour connaître plus et pouvoir le redonner sous une quelconque forme un jour aux autres.

     En fait, s’intéresser à quelque chose, c’est être décidé à s’informer et apprendre pour comprendre ou compléter ses connaissances. Cette démarche est parfaitement normale, car on en éprouve le besoin, on se sent attiré par cette chose, cette matière, ce mécanisme ou un monde particulier et surtout parce qu’on désire devenir meilleur dans cette orientation particulière.

     La passion se définit par un état affectif intense et irraisonné (définition donnée par Larousse). Lorsqu’on est intéressé et qu’on s’informe, on n’est pas du tout « irraisonné », que du contraire on cherche même bien à « raisonner » pour atteindre la connaissance !

     Pour devenir un spécialiste ou une autorité dans un domaine spécifique, cela exige de l’implication (dédication), une approche méthodique, de la discipline, de la persévérance et (plus que tout autre chose) de l’intérêt dans ce que l’on fait. Ceci est vrai dans n’importe quel métier du monde ! Au début, il faut être humble et reconnaître qu’on ne connaît pas grand-chose sur le sujet (c’est la raison pour laquelle on se renseigne). Puis sur le temps, on emmagasine des informations, on construit son apprentissage pour atteindre la connaissance. Parfois, l’information peut arriver très vite : c’est le cas de l’apprenti qui a la chance d’être pris en charge par un maître/artisan compétent. Mais le plus souvent, l’instruction prend de longues années, comme dans les études, surtout si l’on s’engage dans le troisième cycle des études supérieures. Mais le but est toujours le même : devenir un spécialiste permettant de redonner des informations aux autres et mettre en pratique ce que l’on a appris chez ceux qui en ont besoin.

     La passion emporte avec elle des « sentiments » et en sciences (tout au moins) les sentiments n’ont rien à voir avec la démarche que l’on s’impose. Il n’y a que lorsqu’on observe un résultat pouvant être dangereux (par exemple, pour la société) que le sentiment peut intervenir pour approuver ou rejeter ce que l’on a trouvé.

     La spécialisation est un choix dans la démarche, tel un artisan ou un étudiant qui s’engage dans une formation spécifique ou des études ciblées. C’est même la plupart du temps une étape importante sur laquelle on construira le reste de sa vie.

     La passion irréfléchie n’apporte dans bien des cas qu’un bonheur à court terme (éphémère), mais peut aussi aboutir à de la déception ou de l’inconfort plus tard. La connaissance au contraire vous donne de l’assurance pour avancer dans la vie.

     Il ne faut toutefois jamais regretter ce que l’on entreprend. Même si l’expérience se solde par un échec ou une perte d’intérêt, il y aura toujours des leçons à en tirer (il faut le voir comme cela) pour sa progression personnelle ...que ce soient des choses à éviter plus tard ou des détails qui aideront à construire dans le futur.

     La passion peut parfois s’exprimer dans le langage par une exagération dans la démarche. La conscience professionnelle peut également être envoûtante, mais elle sert pour capter l’écoute ...en aucun cas pour exagérer l’information (ne pas confondre passion et façon de s’exprimer). En ce sens, le spécialiste doit rester « intègre » et restituer à son interlocuteur, ou son auditoire, ce qu’il a appris, découvert, expérimenté et qui a fait l’objet d’actualisations.

     En résumé, la personne qui se spécialise doit être capable d’en faire bénéficier ceux qui ne connaissent pas ou mal le secteur ...et qui vous consulte. Mais il peut également susciter des vocations ...ce qui n’est pas négligeable, car c’est la société qui en bénéficiera le plus.

     Pour illustrer l’aspect vocationnel, prenons pour terminer deux petits exemples :

  • L’un de nous a eu quelques difficultés en mathématiques au début de l’enseignement secondaire (au niveau du collège). Grâce à sa maman et durant une semaine de vacances, il eût la chance de recevoir des cours particuliers et les conseils d’une diplômée en maths. Celle-ci lui a enseigné la logique et le goût de cette matière qui occasionne tellement de difficultés à beaucoup d’étudiants. A partir de ce moment, il n’a plus jamais eu de problèmes en maths, les a même adoptées et s’est même orienté vers des études d’ingénierie. C’est aussi grâce à ce choix qu’il s’est formé aux calculs hydrauliques avec notamment des applications dans la construction de petits barrages, déversoirs et étangs, poussées et débits d’eau, ainsi que bien d’autres secteurs reprenant l’évaluation aquacole. C’est également grâce à cette formation que plusieurs articles de vulgarisation ont pu être rédigés dans notre journal depuis 20171.

  • Plus tard, un nouveau professeur de chimie fût engagé au lycée. A sa première prestation, cet enseignant demanda à la classe si quelqu’un avait une boite d’allumettes. Nous pensions tous « ...veut-il fumer ? » ou encore « ...veut-il faire sauter un pétard ? ». Nous étions tous dans l’expectative ! Puis, devant son auditoire, il a fait craquer une allumette sur sa boîte et a demandé « quelle réaction venait-il de provoquer ? » C’était évidemment le phosphore avec l’oxygène… A partir de ce moment, nous nous sommes tous intéressés à cette nouvelle science qu’il enseignait avec enthousiasme en faisant côtoyer théorie et réalité. A la fin de l’année, tous les étudiants ont réussi leur examen final et cela a même provoqué quelques vocations précoces dans cette intéressante matière qui explique tant de transformations !

     Comme quoi, savoir parler à son auditoire est excessivement important pour pouvoir capter l’attention et faire comprendre bien des phénomènes !!!

__________________________________

1 Comme « évaluer un débit d’eau » (juin 2022), « bélier hydraulique » (juillet 2022), « pompes en aquaculture (octobre 2022) ou encore « moulin à eau : l’usage de la puissance hydraulique » (septembre 2023).

Quelle est le deuxième caractère du mot kuq96i3 ?

Fil RSS des commentaires de cet article