Déjà plus de gambas à la vente ...au 15 octobre 2020

Rédigé par Aquideas Aucun commentaire
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     La plupart s'étonnent qu'il n'y ait déjà plus de gambas (crevettes impériales, Penaeus japonicus) à la vente. Malheureusement, on oublie également que nous élevons des crustacés qui ne vivent pas naturellement dans des eaux froides ...comme c'est le cas en Europe: nous élevons des animaux "subtropicaux" ...donc, endémiques aux eaux chaudes des tropiques.

     Dans notre pays, les eaux continentales peuvent varier de plusieurs degrés suivant leur position géographique: région plus au nord ou plus au sud, à proximité de la côte ou dans les montagnes, ou encore du côté Atlantique ou au bord de la Méditerranée. En règle générale, la Charente Maritime et la Côte d'Azur offrent 3 à 4°C de plus que dans le reste du pays. Ce sont des micro-climats bien particuliers. Vers la fin des années 60, on s'est aussi rendu compte que cette espèce de grandes crevettes pouvaient se développer de façon acceptable dans notre région étant donné qu'à partir de mai/juin les eaux internes (claires/étangs) pouvaient atteindre une moyenne de 20°C pour pouvoir leurs assurer une certaine croissance.

     A cette température, nos petites post-larves (PLs; bébés de grandes crevettes) parviennent à vivre, mais les eaux sont encore trop froides pour se développer efficacement. Néanmoins, ces PLs résistent relativement bien et en juin elles trouvent déjà la micro-faune/flore pour pouvoir s'alimenter. En cette période, la température des eaux confinées (c'est-à-dire enfermées dans des enceintes construites par l'homme) se réchauffe rapidement et nos crustacés deviennent particulièrement actifs.

     Toutefois ces dernières années, nos crevettes subtropicales doivent affronter un nombre croissant d'irrégularités climatiques. Il s’agit d’une problématique bien réelle pour les éleveurs que nous sommes (en France, nous ne sommes pas très nombreux ...à peine une 30aine). Ces grandes variations perturbent d'année en année certains paramètres et façon de se comporter.

     Prenez le cas des mues1: toutes ces perturbations agissent sur leur cycle biologique et on observe des difficultés pour former leurs nouvelles carapaces ...qui restent molles plus longtemps ...permettant ainsi d'attirer plus de prédateurs, car elles émettent pendant cette période des phéromones2 ...qui facilitent leur localisation !

     En juillet et août, les conditions d'élevage pour cette espèce s'améliorent considérablement, surtout si l'été est chaud. Mais parfois, les chaleurs estivales sont si fortes qu’on assiste à une évaporation excessive de l'eau de l'étang ...occasionnant alors une concentration excessive de sel dans l'eau de mer ...avec en outre des retards dans la croissance de ces crevettes.

     Vous voyez, nous jouons constamment avec le chaud et le froid ...sous nos latitudes tempérées !

     Mais cette espèce de crevette en particulier, adaptée à nos températures d'été charentais, profite au maximum des ressources qui lui sont offertes si le substrat sur lequel elle peut évoluer est riche nutritionnellement parlant. D'où l'importance du terroir qu'on lui attribue: elle doit pouvoir trouver ses protéines, graisses, sucres (dans une moindre rigueur), minéraux et vitamines ...comme nous humains, à des proportions et spécificités différentes (cela va de soi).

     En septembre, le refroidissement des eaux arrête leur croissance et en octobre, on commence plus difficilement à la pêcher. Lorsque les températures chutent, nos belles crevettes vont se réfugier dans le fond des étangs où il y a une vase un peu plus chaude. Celle-ci se refroidira inexorablement, mais plus lentement que l’air avec le temps. Lorsque l’hiver approche à grand pas, ces vases au fond de l’eau atteindront des températures qui ne conviendront plus à nos crevettes impériales subtropicales ...qui mourront et serviront (un peu coûteusement) d'engrais organique pour fertiliser nos plans d’eau ! Triste fin pour celles qui ne se laissent pas attraper dans nos filets ! Ainsi, va la vie de ces petites bestioles !!!

     Donc, nous les perdons chaque année et devons les reproduire ou en recommander à l'écloserie l'année suivante.

     Comprenez-vous maintenant pourquoi les crevetticulteurs sont très dépendants de la météo, en particulier de la pluviosité et de la température de l’air ambiant: celles-ci se transmettent progressivement aux masses d’eau comme nos étangs. Donc, les gambas peuvent ne plus apparaître sur l’étal déjà à la fin septembre, en octobre, en novembre ou plus rarement au début de décembre ...selon les conditions environnementales !

     Dernier conseil concernant nos délicieuses crevettes : soyez à l'affût de toutes prévisions météorologiques - avec suffisamment d’anticipation - pour pouvoir encore en mettre de côté. Mais pour les années à venir, comme ces prévisions du climat régional peuvent également être trompeuses, observez vous-même l’évolution du ciel, l’arrivée des averses, des vents dominants et surtout le refroidissement du temps ! Vous pourrez bien sûr les congeler, tout en tenant compte qu’il est souhaitable de les consommer préférablement dans les 3 mois après leur sortie de l’eau3.

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1 Changements de carapace, qui leurs permettent de grandir.

2 Substances chimiques sécrétées par des animaux (et des plantes) qui, reçues par la même espèce ou d'autres individus, provoquent une réaction spécifique (comme l'attraction, l'agressivité ou l’alimentation), un comportement (par exemple sexuel) ou une modification biologique.

3 Principalement pour une question d’acides gras polyinsaturés qui se dégraderont inexorablement avec le temps (réf. "questions pratiques concernant les gambas" publié le mois passé)

Quelle est le dernier caractère du mot lvhwj ?

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