L’ostréiculture à Cuba (2ème partie)
Province de Holguin
Néanmoins, il est facile de comprendre qu’une augmentation de la production dans ce secteur particulier impliquera à l’avenir des connaissances plus approfondies en génétique, l’appui de centres de reproduction contrôlée et la production de micro-algues pour le développement de larves (semences) et juvéniles. Cela sécurisera la demande pour d’éventuels systèmes plus intensifs d’engraissement ostréicole et autres bivalves d’intérêt.
Cette ostréiculture artisanale était donc basée jusqu’à présent sur la collecte dans le milieu naturel de branches terminales du mangrove rouge (Rhizophora mangle). Mais peu à peu de nouvelles techniques de collecte apparurent, comme l’usage de coquilles vides d’huîtres (pour collecter le naissain), paniers et autres substrats chaulés, bien plus écologique, car moins destructeurs (dommageables) pour l’environnement.
Capteurs de naissains réalisés au moyen de coquilles vides
En 1989, il y avait déjà une vingtaine de fermes ostréicoles individuelle de ce type qui produisaient un total de 1000 TM.
Voici une exploitation artisanale privée utilisant toujours des mangroves rouges :
Huîtres élevées en ligne Mangroves au nord de la province de Holguín
Huîtres dans la baie de Jururú (région nord)
En 1984, Crassostrea gigas (l’huître élevée actuellement en France) fût introduite à Cuba.
En 2024 à La Havane et à Santiago de Cuba, le prix au détail des huîtres oscille entre US$ 3,33-6,70/Kg. Quant au prix en gros, il se situe entre US$ 2,33-4,69/Kg.
Mais des progrès restent à faire pour une meilleure acceptabilité dans le secteur industriel qui souhaite s’impliquer dans l’exportation de telles denrées fort délicates. Ainsi, se développe une conscientisation des professionnels de la filière pour rendre les produits de leur activité plus propres à la consommation devant respecter les normes standardisées en application au niveau international. On prône maintenant aux pêcheurs d’installer de modestes infrastructures basiques pour dépurer leurs mollusques marins afin d’éliminer quelques possibles sources de contamination (eaux filtrées, stérilisées au moyen de lampes U-V, élimination des fèces du tract digestif au moyen de dégorgeoirs, nettoyage externe des huîtres pour une meilleure présentation, etc.).
Système flottant pour la dépuration en milieu naturel (en mer peu profonde ;
paniers suspendus d’huîtres avant leur commercialisation)
A Cuba, l’huître se commercialise sans ses coquilles. Sa chair, qui représente ±5,7 % du poids total de l’huître, est réfrigérée ou congelée. Elle est consommée fraîche, mais du côté de la cuisine cubaine, on apprécie particulièrement les huîtres dans une bonne soupe ou simplement accompagnées de riz pimenté ou épicé. Elle est aussi fortement aimée en escabèche1 ou fumée.
Il est à noter que, depuis plusieurs décades, les denrées alimentaires ont subi une hausse très importante, mais le pays a su également développer grandement le secteur du tourisme. Ainsi, Cuba a notamment fait une percée en produisant des huîtres perlière lui permettant d’écouler un véritable petit bijou des Caraïbes. C’est à partir de 1986 que le pays s’est intéressé aux espèces Pinctada radiata et P. imbricada qui donnèrent les meilleurs résultats à la suite d’une recherche et d’un procédé pour les produire. Aujourd’hui, elles donnent de magnifiques perles de qualité qui sont commercialisables au niveau international pour le plus grand bénéfice de l’île.
Le grand avantage des côtes cubaines (comme au Japon), c’est que les mers qui l’entourent permettent une grande diversification des espèces marines, car elles ne sont pas contaminées comme à d’autres endroits de notre globe. En ce qui concerne la façon de produire une perle au moyen des huîtres, un article avait été publié le 2 août 2020 sur www.aquideas.fr ou .com (dans le dossier Journal → Catégories → taper « huître » → retrouver l’article intitulé « Les huîtres perlières »).
Parmi de grands magasins populaires à La Habana, on peut citer « La Casa de las Perlas en Varadero », « Arte Cobre y platería en Trinidad » y « Mimi Fish ». Là-bas, il est possible de trouver des pièces uniques avec les tendances modernes et avant-gardistes.
Cet important développement a bien entendu amélioré, non seulement l’économie de l’île, mais elle a apporté de meilleures conditions de vie pour les habitants (emplois, salaires, sécurités sanitaires) rendant ainsi un climat social et environnemental particulièrement positif. De plus, le gouvernement protège cette activité aquacole particulière (aires de production/fermes perlières) par des mesures et des lois anti-pollution et par un contrôle des bonnes pratiques (inspections périodiques).
Enfin, pour le tourisme, il est possible de visiter certaines de ces fermes perlières si vous le souhaitez, la sortie se faisant toujours ...par leurs magasins (vente de perles, colliers et autres motifs perliers de décoration) !
Références :
- Cuba incursiona en el cultivo de perlas: una joya del mar caribe, E. Giménez,
- Diagnóstico de la producción de ostión (Bivalvia: Ostreidae) en Cuba, ventajas de Crassostrea virginica
(Gmelin, 1791) para la ostricultura, Revista de Investigaciones Marinas, vol.39 No2, 2019.
- Evaluation of Cuban oyster resource status (Crassostrea spp.) and reference points for its management, A. Betanzos V.,
R. Alzugaray, R. Puga & A. Tripp Q., Revista de Biologia Marina y Oceanografia 58(3):177-185, 2023.
- La Ostricultura: una Alternativa de Desarrollo Pesquero para Comunidades Costeras en Cuba, A. Betanzos V., J.M. Mazon S., G.
Arencibia C., 2018.
- Ostión desde la semilla, J.P. Carreras, J.M. Mazon S., J.A. Tello-Cetina & B. Garcia, 2020.
- Variaciones y disminución en la producción de ostión (Crassostrea spp.) al suroccidente de Cuba: Factores
ambientales y manejo pesquero, A. Betanzos V. et al., Revista Bio Ciencias (7), 2020.
Annexe 1 : Paramètres environnementaux et biologiques à considérer concernant la production d’huîtres.
Variables abiotiques : température de l’eau (°C), salinité (‰), potentiel d’hydrogène (pH), oxygène dissous (mg/L), saturation d’oxygène (%), DCO2 en milieu alcalin (mg/L), transparence de l’eau (disque de Secchi ; %), couleur de la mer, vitesse du courant (fixation, croissance ; cm/sec), amplitude de la marée (cm), profondeur de la zone (à marées basse & haute ; M).
Variables biotiques : phytoplancton (cell/mL), coliformes (fécaux, totaux ; # probable/100mL), streptocoques fécaux (# probable/100mL), vibrio spp.
Qualité sanitaire : présence de métaux lourds (cadmium, plomb, mercure et autres), présence de composés organo-halogènes & pesticides.
Surveillance des populations : aire des bancs ostréicoles (m2, km2, hectares), abondance des huîtres (#/M²) & en poids (Kg), densité ou productivité par aire (Kg/Km2), biomasse par banc ostréicole et par zone (Kg ou Tonnes Métriques), structure en tailles et âges, proportion de femelles & mâles, périodes (mois) et profondeur de fixation maximum de larves (“semences”), mortalité naturelle (%).
Mesures biométriques : longueur/largeur/épaisseur moyennes des huîtres (mm), poids total moyen des huîtres (coquille comprise ; g), poids humide moyen de la chair (sans la coquille ; g).
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1 En escabèche = préparation culinaire catalane consistant en une marinade à base d'huile et de vinaigre, utilisée principalement en Espagne, Afrique du nord, Amérique latine et Philippines.
2 DCO = demande chimique en oxygène.