La vie des crabes

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Velouté de crabe

     On trouve des crabes principalement en eaux marines, mais il y en a également en eau douce. Beaucoup sont semi-aquatiques et s’aventurent bien volontiers sur la terre ferme. Le nom de “crabe” est un nom vulgaire ou vernaculaire1. Il regroupe plusieurs infra-ordres (taxons), comme les Brachyura (importants) et Anomura.

     En période de reproduction, la femelle du crabe émet des phéromones pour attirer les mâles. L’accouplement se fait plus souvent lors de la pleine lune et peut durer quelques jours. Parfois, plusieurs mâles tentent de s’accoupler à la même femelle. Celle-ci mue (se débarrasse de son ancienne carapace) et le mâle - comme chez bien d’autres crustacés - transfère son sperme en plaçant ses 2 gonopodes (organes sexuels ressemblant à des antennes) dans les 2 gonophores2 (orifices génitaux situés en-dessous de la femelle). Ceci a lieu avant la fertilisation des œufs proprement dite. Ce sperme s’accumule dans un sac de stockage appelé spermatheca jusqu’au moment où la femelle l’utilisera.

 

     La femelle peut retenir ainsi le sperme dans cette forme de réserve pour une durée d’une année.

 

     La période de développement interne des œufs prend entre 2-9 mois. Lors des pontes, les œufs s’autofécondent au fur et à mesure de leur sortie pour être ensuite stockés sur le ventre de la femelle (la sorte de queue large qui se replie en dessous de la femelle). Il s’agit donc d’une fertilisation externe.

 

Sur une saison et selon l’espèce, une femelle crabe peut pondre entre 30 à 80.000 œufs, mais cela peut atteindre 750.000 à plus de 3 millions d’œufs dans le cas du crabe bleu d’Atlantique (Callinectes sapidus; toutefois, seulement un maximum de 2 millions peuvent être retenus par la femelle sous forme de masse spongieuse). Durant l’incubation externe des œufs, généralement entre 2-4 semaines, la femelle s’enterre à moitié. Souvent, les femelles relâchent leurs œufs, prêts à éclore, dans l’eau le long du rivage et dans les estuaires [comme c’est le cas du crabe royal rouge (Paralithodes camtschaticus; dans la mer de Bering, Alaska), la limule (Classe des Xiphosures; crabe en forme de sabot de cheval) et le crabe ermite (Coenobita clypeatus; aussi appelé crabe soldat)].

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Le crabe royal rouge

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La limule

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Le crabe hermite

     Les pléopodes, ou fausses pattes, créent un courant favorable pour ventiler/oxygéner les œufs lors de leur développement.

     Les œufs se développent en consommant la vésicule vitelline et lorsque ceux-ci éclosent, les larves passent par plusieurs mues qui les amènent en règle générale aux stades larvaires suivants:

(1) Transparentes, c’est comme “zoea 1”, ou protozoés (pré-zoés), qu’elles sortent de l’œufs. Leur dimension est généralement bien inférieure au millimètre. Durant cette première étape, la larve est capable de flotter en pleine mer (au large, emportée par les courants) du fait de la haute salinité. Elles sont armées d’une queue courte, segmentée (élémentaire), qui leurs permet de se déplacer/nager. Elles possèdent de très frêles petites pattes et une protubérance en forme d’épine sur la partie supérieure qui l’aide à se protéger.

(2) Après une mue, elles passent à “zoea 2”, ou zoés, avec des pattes plus longues et une épine plus développée.

(3) Après une nouvelle mue, elles deviennent “zoea 3”, ou métazoés (post-zoés). Les péréiopodes (les véritables pattes pour se déplacer/se nourrir) et pléopodes (les fausses pattes pour nager/ventiler) sont déjà bien formés, les extrémités étant ramifiées. La pigmentation de sa fragile carapace commence à apparaître.

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Développement larvaire du crabe

(4) Puis, les larves passent à “Mégalopa” qui se caractérisent par de gros changements anatomiques/morphologiques comme observés sur la planche ci-dessus (notamment l’allongement de l’abdomen; l’apparition d’uropodes modestes qui formeront la sorte de “queue”). Cette phase prend 1-3 semaines suivant les paramètres de son environnement (température, salinité, disponibilité des particules alimentaires...).

(5) Elles passent ensuite à “Juvéniles” qui deviennent benthiques3 et qui se caractérisent par la forme définitive d’un crabe adulte (mais en tout petit; voir planche ci-dessus). A noter le repliement de l’abdomen en-dessous du céphalo-thorax4. Il leurs faudra encore 12 à 18 mois pour atteindre l’état adulte capable de fécondation.

     Une fois atteint le stade juvénile, ou crabe adulte en miniature, il seront capable de trouver leur alimentation dans l’environnement. Au début, ils se laissent emporter par les courants tout en filtrant l’eau pour s’alimenter. Ces jeune adultes sont malheureusement la proie de beaucoup d’organismes plus grands et ce n’est qu’une infime quantité qui parviendra à l’état adulte capable de se défendre efficacement contre toute intrusion. Pour cela, ils doivent prendre du poids, former leurs pinces et leur carapace doit durcir considérablement pour être à l’abri de la plupart de leurs prédateurs.

     Pour cela, les crabes doivent trouver suffisamment de minéraux alimentaires pour leur métabolisme (usage interne de leur organisme). Heureusement, le milieu marin peut en fournir énormément, car il est en règle générale riche en très bons éléments pour tout être vivant ! Par contre, en ce qui concerne les crabes d’eau douce (comme d’ailleurs c’est le cas chez la plupart des poissons de rivières), ils récupèrent la plupart des minéraux de leur alimentation en les recyclant sous différentes formes. Certains retraitent leurs urines, d’autres ont un système de circulation de l’eau plus rétenteur de particules qu’ils avalent ou filtrent. Ils ont même des adaptations anatomiques et physiologiques pour être plus efficaces que leurs congénères marins afin de mieux profiter des minéraux qui sont en bien moindre quantité dans leur milieu aquatique. Ainsi, ils peuvent également piéger l’air pour leur besoin en oxygène, mais doivent retourner dans l’eau pour éliminer l’ammoniaque toxique accumulée par leur métabolisme à travers l’excrétion des ions inorganiques.

     Les crabes ont plusieurs prédateurs parmi lesquels on trouve des poissons, comme l’ombrine ocellée (Sciaenops ocellatus; red drums), la courbine (ou maigre) noire (Pogonias cromis; black drums), la truite de mer (Cynoscion nebulosus; la truite mouchetée), mais aussi d’autres crabes et ...l’homme, bien entendu, qui l’apprécie particulièrement !

Références:

  • animalhype.com

  • Crustacean and molluscan aquaculture (lecture/cours), David B.Rouse, FFA, Auburn Univ., U.S.A., 1983.

  • Crustacea Decapoda Brachyura, Marit E. Christiansen, Marine invertebrates of Scandinavia, N°2, 1969.

  • Développement larvaire du crabe Dissodactylus primitivus, ResearchGate, Colin De Bruyn, 2010.

  • La vie des crabes, A. Bauchau, Editions Paul Lechevalier, 1966.

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1 Nom commun, indigène, usuel ou désuet, en langue locale ou régionale.

2 A l’extrémité des 2 conduits laissant passer les ovocytes/ovules (oeufs) qui doivent encore être fertilisés.

3 Qui se déplace sur le fond de la mer ou d’une rivière.

4 Le céphalothorax = tête + thorax soudé par la carapace (particularité chez les crustacés).

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