Décryptage d'un monde mystérieux (3) - Un tour du monde basé sur le poisson (c)

Rédigé par Aquideas Aucun commentaire
Classé dans : Formation Mots clés : visite, Hong Kong, Thailande, Israël, France

(3ième partie / 3ième section)

Une nouvelle étape le conduisit à Hong Kong où, sur les nouveaux territoires, il passa par d'intéressantes productions associatives entre des poissons, des canards et quelques plantes comme le mûrier. Les déjections des canards favorisaient la production de phytoplancton dans les étangs qui est une source d’aliments pour les poissons. De plus, les feuilles du mûrier servaient à alimenter les poissons et des vers à soie qui produisent les délicats fils de soie servant à confectionner les beaux tissus que nous connaissons dans l’industrie du luxe.

Le visiteur ramena dans son sac-à-dos une pochette en soie sur laquelle étaient brodées de grandes crevettes.

Ensuite, il rejoignit par voie maritime au moyen d'un "speed boat" (sorte d’hovercraft) la Péninsule de Macao située à 60 Km, à la frontière avec la grande Chine. Dans les deux petites îles reliées à la péninsule par des ponts de plusieurs kilomètres, il découvrit la pêche "au carrelet"1 le long des routes littorales et rocheuses.

Quelques jours plus tard, notre voyageur fit escale en Thaïlande. Il visita d'abord une ferme démonstrative de crocodiles à 30 Km au sud de Bangkok (parc de Samutprakarn). Il y en avait pour tous les goûts: des reptiles plus petits d'eau douce, des plus grands (et même énormes) d'eau marine. Il fût aussi reçu par le bureau des Regional Fisheries de la FAO, la coordination du "Network of Aquaculture Centres in Asia" à l'Université de Kasetsart et le "National Inland Fisheries Institute". Enfin dans le nord du pays, du côté de Chiang Mai et en zone rurale, il visita une grande exploitation un peu particulière: de grands poulaillers avaient été construits sur pilotis au-dessus des étangs. Ainsi, les fientes tombaient directement dans l'eau et fertilisaient cette dernière qui produisait à son tour du phytoplancton naturellement. Les rendements de cet agriculteur étaient très rentables et il écoulait toute sa production (entre autres, poules, œufs, poissons et canards) sur les marchés locaux.

Trois escales furent encore nécessaires pour compléter ce tour du monde et rejoindre plus économiquement le vieux continent. En effet, le voyageur avait la possibilité de revoir des spécialistes piscicoles en Afrique du Sud et au Kénya. Malheureusement, le coût des transports aériens ne rentraient plus dans son budget pour encore se rendre à la capitale Prétorial, dans la ville côtière du Cap et à Mombasa se trouvaient respectivement universités, institutions gouvernementales et une production piscicole privée construite très astucieusement.

Comme quoi, on ne fait pas toujours ce que l'on souhaite réaliser dans la vie!

Toutefois quelques mois plus tard, il repéra dans une publication scientifique de Grande-Bretagne les photos et la description précise du système privé ingénieux au Kenya: c'était un diplômé de la faculté d'aquaculture à Stirling University en Écosse (autre grande institution dans ce secteur particulier) qui était à la base de ce système intéressant2.

Il prit d'abord l'aéroligne Thaï. L'avion se posa quelques heures plus tard à Bombay en Inde, après avoir survolé des bidonvilles aux abords de l'aéroport. Ensuite comme le coût était plus abordable, il opta pour les vols russes avec AéroFlot. Par conséquent, il dût passer par la capitale de l'U.R.S.S. (avant le fractionnement de cet immense fédération socialiste3). Mais à l'approche de Moscou, le brouillard se fit très dense et le bruyant Tupolev fut dévié en dernière minute sur Leningrad (depuis renommé Saint-Pétersbourg par référendum). Vu du ciel; le voyageur admira l'imposant complexe du musée de l'Ermitage avec son Palais d'Hiver de style baroque (1754-62), ainsi que l'impressionnante place marbrée du Palais avec la colonne d'Alexandre (pour commémorer la victoire sur Napoléon).

Après une attente interminable, l’avion put enfin décoller et une grosse heure plus tard atterrissait finalement à Moscou.

Le passager insolite s'empressa de prendre le vieux métro pour se rendre au centre de la capitale. Comme il ne comprenait pas un mot de russe et afin de retrouver le chemin du retour, il prit durant tout le trajet quelques rapides notes descriptives sur les stations d'arrêt traversées. Chacune d'entre elles était unique ! Ainsi, l'une de ces salles souterraines avait d'énormes lustres en cristal et de belles draperies taillées dans ses murs – il l'appela donc le « baldaquin ». Une autre salle était fort sombre - par conséquent, il la nomma le « cachot »! Dans une troisième, on vendait des journaux et autres publications depuis un élégant promontoire - le voyageur nota le « kioque », etc. Une heure et demie plus tard (car le réseau ferroviaire y est étendu), il déboucha enfin sur la Place Rouge. Il découvrit et admira la typique petite cathédrale orthodoxe Saint-Basile-le-Bienheureux, ainsi que le mausolée de Lénine. Il visita ensuite le Kremlin avec ses fameuses grandes cloches dorées ...dont l’une fêlée gisait au sol depuis probablement bien longtemps. Puis, il se promena dans les célèbres galeries du grand magasin d'état « Goum » construit entre 1890-93. Il passa enfin devant le très célèbre théâtre du Bolchoï.

Tout un pan de l'histoire soviétique venait d'être illustré !

Deux jours plus tard, il atteignit Bruxelles, capitale de la petite Belgique. A Tihange (au centre du pays, à côté de la ville de Huit), il visita un aménagement piscicole en eau chaude provenant du troisième système de refroidissement d'une centrale nucléaire. Les bassins hors-sol produisaient à l'époque des tilapias. Quelques années plus tard, c'est une production d'algues (agar agar) qui prit la relève, car beaucoup plus rentable, pour fournir à une industrie pharmaceutique demandeuse !

Il ne resta dans le pays que fort peu de temps, car on l'attendait en Israël ...pour un training piscicole. Il se rendit donc à Tel Aviv où il fût reçu par le Dr. Yoël Pruginin, un consultant international en aquaculture. Il rencontra aussi Dan, un haut fonctionnaire et expert piscicole connu au niveau mondial, qui l'emmena dans le kibboutz4 Ma'abarot près de Netanya. Cette coopérative agricole possédait une écloserie et quelques étangs. Il y resta trois semaines pour se faire aux techniques de reproduction et grossissement de plusieurs poissons d'aquarium exportés en Europe. Ils travaillaient notamment sur le goldfish (Carassius auratus auratus, poisson rouge à queue en éventail).

Après ce stage, il reprit son bâton de pèlerin et parcourut le pays depuis les hauteurs du Golan et la source du Jourdain (dans le nord) jusqu’à la ville touristique d'Eilat (dans le sud). Dans cette ville, il se rendit au musée-aquarium qui permettait de descendre dans une colonne s'enfonçant dans la Mer Rouge et qui donnait accès à une petite salle en verre pour observer la faune ichtyologique environnante.

Il eu ainsi l'occasion de visiter 9 autres kibboutzim travaillant les tilapias rouges et le tilapia galilea (dit « poisson de Saint-Pierre »), ainsi que les carpes "miroir" (ou "cuir"). Il passa notamment par Gan Shmuel, Dor et Genossar, importantes stations expérimentales à la base du développement de l'aquaculture nationale.

Il profita de l'occasion pour visiter Jérusalem et Jéricho. Plus loin, il découvrit la Mer Morte, à 465 mètres en-dessous du niveau des mers et dont la concentration en sel (exploité intensivement) est dix fois supérieure à ces dernières (vous y flottez aisément, mais gare à la brûlure des yeux). Il monta aussi sur la forteresse de Masada où eut lieu le tragique siège face aux romains en l'an 73. Enfin, il traversa la bande de Gaza, où le visiteur fut reçu très chaleureusement par une famille Palestinienne avant de reprendre l'avion pour revenir en Europe.

Sa dernière expérience lui fut offerte par un ancien collègue d'études qui avait établi sa propre pisciculture de truites « fario » en plein milieu des Landes, non loin de Casteljaloux dans le sud de la France. Annuellement, il y produisait 400 tonnes dans à peine une dizaine de bassins en parpaings5 qu'il avait construits lui-même. Il alimentait intensivement ses poissons avec plusieurs types de concentrés et injectait dans l’eau de l’oxygène liquide provenant d’une énorme bonbonne industrielle (sorte de silo de 5-6 mètres de haut). Il produisait également des milliers d’œufs par photopériodisme6. La passion aidant, lui et son épouse étaient de très gros travailleurs et le résultat de leurs efforts était bien visible.

 

C'est ainsi qu'il put réaliser un souhait qui semblait loin d'être évident aux premiers abords, mais qui lui donna l’occasion d'apprendre énormément ! Non seulement, il visita 75 centres de recherche publics et entreprises privées, mais il traversa aussi 16 pays ...tous très intéressants ...ne fut-ce que d'un point de vue touristique.

Après chaque visite, des notes avaient été systématiquement prises, toutes compilées dans un carnet de voyage auquel il fallut ajouté ...beaucoup d'autres pages ! Au cours de ses déplacements, il prit aussi plus de 3.000 photos et les films (ce n'était pas encore l'ère du numérique) étaient au fur et à mesure envoyés par la poste à une même adresse. Toutes ces pellicules arrivèrent à bon port, purent par la suite être développées et furent analysées longuement.

Longtemps après, certains détails furent encore observés et aidèrent le globe-trotter dans ses choix techniques ultérieurs. Car lorsque vous visitez une entreprise ou une institution, le temps passe très vite. Vous ne prenez pas toujours la peine d'approfondir les sujets que vous traitez ...pour un tas de raisons. Après quelques semaines, vous oubliez certaines explications. La mémoire commence à faire défaut ...et c'est là que notes et photos prennent tout leur sens !

Comme on dit, d'une pierre deux coups !

Souvenirs inoubliables !!!

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1  Grand filet carré, placé à l'horizontal, qui se lève et descend au moyen d'une poulie, servant à attraper périodiquement le poisson et de petites crevettes.

2  Ce système gravitationnel tient compte de la charge vivante (quantité et grosseur des poissons) qu'il doit supporter tout le long de son développement.

Qui eût lieu en décembre 1991.

Ferme communautaire sioniste organisée en coopérative. Ce système israélien de production agricole a été initié au début du XXième siècle pour accueillir les juifs du monde entier.

Bassins rectangulaires, allongés, artificiels et hors-sol dans lesquels passe un fort courant d’eau.

6  Technique permettant d’obtenir un temps de maturation plus court chez les géniteurs en contrôlant la lumière artificielle afin d’accélérer la cadence des journées.

Quelle est le deuxième caractère du mot p6h5f ?

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